
Bon, par où commencer… J’ai encore la tête si pleine de jolis souvenirs que je peine à trouver un point de départ ou un fil conducteur pour rendre compte de ces quelques jours hors du temps. Préparez-vous le breuvage de votre choix, et installez-vous confortablement.
L’histoire débute le 8 février 2022 où, dans une discussion sur des salons d’imaginaire, je lui dit « Sinon, on va à Nantes ». Fin avril, ma décision était prise en témoigne le message « Bon, je vais à Nantes cet automne, avec ou sans toi ». Début juillet, les vacances de Monsieur posées, les billets d’avion sont réservés, le logement aussi. Et puis vient ce matin du 27 octobre où je me réveille bien trop tôt pour me déplacer, toujours en y croyant pas vraiment. Tout ça pour aller aux Utopiales.
Les Utopiales en bref, c’est le festival international de science-fiction qui se déroule chaque année à Nantes. Mais ce n’est pas comme ça comme le festival à comme vocation est « d’offrir au public des Utopiales un panorama vertigineux des possibles explorés par la science-fiction et les sciences. ». C’est en cela que le festival rassemble scientifiques, chercheur·euse·s, auteur·rice·s, scénaristes, dessinateur·rice·s, réalisateur·rice.
Pour son édition 2022, Les Utopiales nous confrontent aux limites. Elles testent les cadres, découvrent ce qui se trouve au-delà, franchissent les seuils, quitte à sombrer dans l’hubris, cette démesure qui frappe l’humanité depuis trop longtemps. Tous les détails sur le site.

Alors, j’avais fait un programme prévisionnel, que bien évidemment je n’ai pas tenu comme il était impossible. Retour en images, en témoignages, chronologiquement.
Samedi

Nous sommes arrivés sur le festival à l’ouverture des portes. Cela nous a permis de nous balader un peu, de prendre nos marques sur ce lieu impressionnant et regorgeant d’énergie. Cela aussi été un des rares moments où nous n’avons pas dû faire la file pour accéder au bar de Madame Spock. Première escale, les expositions et tout particulièrement celles de l’Inserm sur « Le vaste monde des virus » et « Virus émergents ». L’occasion de retracer ces dernières années, mais aussi l’histoire et le cycle éternel que sont les épidémies. Le tout étant accompagnée d’anecdotes et histoires de la médecine que me distillait le navigateur. Ce moment a aussi été l’occasion de profiter du stand de VR2Plantets qui proposait une visite virtuelle de Mars et d’un autre corps planète. C’était ma première expérience VR, et c’était fascinant et impressionnant de découvrir Mars.
Celui qui revient d’entre les morts

Il est bientôt 10h, l’heure de la première intervention à laquelle nous voulions assister. Stéphane Charpier, neuropsychologue, électrophysiologue revient sur la mort, sur sa signification. La différence entre la mort cérébrale et la « mort ». C’était très intéressant et pertinent.
« On peut être considéré mort alors que les organes sont vivants »
Bordeline

Après quelques dédicaces, un repas savouré dans le silence de la salle presse, il est l’heure de nous rendre à la conférence Bordeline que nous attendions avec impatiente. La navigateur est interne en psychiatrie, moi j’ai un intérêt marqué pour cette thématique. Donc forcément, je me réjouissais de voir comment la thématique allait être abordée en science-fiction. Enfin, ce qui nous était promis sur le programme… Je pense que c’est la conférence qui m’a apportée la plus grosse déconvenue. Car le sujet n’était absolument pas maîtrisé par les intervenants ou le modérateur. Et ce n’était visiblement pas totalement de leur faute.
Toutefois, quelques éléments intéressants sont soulevés. La « folie » est inhérente au tissus social, à la norme. La mystification et la romantisation des troubles psychiatriques dans la littérature est également soulevée pour les risques que cette vision véhicule. Finalement, Killofer a rapellé qu’une personne qui souffre d’une maladie psychiatrique est avant tout malade et dans une souffrance inimaginable. Finalement, il pose cette question précieuse : Est si la « folie » était un moyen de défense ?
Ce sont les seules conférences auxquelles nous avons assisté samedi. Nous aurions bien assisté à Dystopie, hubris de l’utopie ? mais elle a été victime de son succès, la file d’attente faisant le tour d’une bonne partie de la cité des congrès, nous avons renoncé.
Le reste de sa journée s’est déroulée dans la libraire, un paradis sur Terre bien dangereux pour le porte-feuille, en séances de dédicaces et à la rencontre de nombreux autres blogueuses et blogueurs que j’ai eu beaucoup de plaisir à rencontrer et avec qui j’ai échangé.
Dimanche
Psychophobia

Programme un poil plus chargé en ce dimanche. Après la déroute de Bordeline, une autre conférence à la thématique psychiatrique. De nouveau, j’ai trouvé qu’elle a manqué de la présence d’une personne qui connaissait vraiment la thématique. La thématique du super-méchant, du monstre a été abordée, sur sa figure dans la culture, sur l’interrogation qu’il fait de notre monde. J’ai dans l’ensemble surtout apprécié les paroles de Christophe Siébert qui me semblait rendre avec justesse et partialité l’ensemble de la thématique.
Irons-nous vers les étoiles

Bon, je l’avoue, j’ai un peu somnolé pendant cette conférence, non pas qu’elle ne fut pas intéressante, loin de là, mais entre le manque de sommeil, et le mal de tête de l’enfer que je me suis fait…
La discussion entre les intervants aux CV fabuleux (Roland Lehoucq, Olivier Grasset, Elisa Cliquet Moreno). Ils ont parlé de la faisabilité d’aller vers Mars, depuis la Terre, depuis la lune. On a parlé faisabilité technologique, faisabilité temporelle. Un régal pour la fan de hard SF que je suis. Conclusion : on ira voir les étoiles, lentement. Aller et marcher sur Mars fait plus rêver que la Lune et puis finalement, on a assisté à la naissance d’un nouveau projet spatial, et ça c’était beau.
Mordu-e-s

Certains le savent peut-être, surtout s’ils se demandent pourquoi je mets des catégories à la fin de chaque chronique, mais avec mon comparse Jean-Yves, nous organisons sur Facebook, sur le groupe Mordus de fantstique / science-fiction / fantasy un challenge. Outre cette activité (spoiler : l’édition 2023 est prête, viendez), ce groupe est surtout une magnifique plateforme de rencontres et d’échanges. C’est pourquoi les Utopiales se prêtaient parfaitement à une rencontre, enfin, de cette équipe de joyeux lurons. On a parlé livres, on a mangé, et surtout on a rigolé. J’ai eu un grand plaisir à enfin mettre des voix et des visages sur ces pseudonymes de mon quotidien.
L’auteur et son ombre : P. Djèli Clark

Vous le savez peut-être, P. Djèli Clark est un auteur que j’affectionne beaucoup. C’était donc une évidence pour moi de le voir et de l’écouter, et quel bonheur. Déjà, il a une voix de ouf, et il est super intéressant. L’auteur et son ombre, c’était une discussion entre l’auteur (oui, forcément) et son ombre, sa traductrice : l’excellente Mathilde Montier.
Le temps d’une heure qui m’a parue trop courte, ces deux ont discuté de leurs rapports aux œuvres de P.Djèli Clark, des méthodes de création et de traduction. De l’ immersion de l’auteur dans son œuvre, tant par sa recherche que par le fait qu’il mette autant de lui possible dans ses textes. De l’immersion de la traductrice, en échanges perpétuels par mail, en recherche des meilleures manières de transmettre l’oralité des textes de Phenderson Djèli Clark. La conclusion que c’est un travail qui demande beaucoup de recherches, mais ne donne pas forcément beaucoup de réponses.
C’était aussi assez intéressant d’entendre que l’auteur laisse volontairement beaucoup de part d’ombres dans ses textes, n’expliquant pas tout, et que Mathilde Montier respecte cela en ne noyant pas ses traductions de notes de traducteur. Finalement, ce qui ressort de cet échange, c’est beaucoup d’humanité, dans ce que P. Djèli Clark instille dans ses textes, et de la magnifique relation qui lie l’auteur et son ombre, Mathilde Montier.
L’échange a été complété par des lectures croisées d’extraits de textes dans leur version originale par l’auteur, et par la traductrice de son travail en français. Très intéressant !
Prix Julia Verlanger

Pour clôturer en beauté ce weekend hors du temps, j’ai décidé d’assister à la remise du prix Julia Verlanger. Beaucoup d’hommages emplis de tendresse et d’admiration ont été faits à Roland C. Wagner. Ensuite, le jury a lu des extraits de chacun des textes sélectionnés avant de rendre son verdict. Sans suprise, pour ma part, et bien qu’il ait eu en face de lui de sérieux concurrents, c’est P.Djèli Clark qui reçoit le prix pour son titre Ring Shout.
Et là, c’est la fin. Enfin, je croyais que c’était la fin. Parce que la vie fait des choses rigolotes parfois. J’avais acheté un livre que je souhaitais offrir à mon compagnon (Neuro science-fiction) et j’aurais beaucoup voulu le faire dédicacer par son auteur (Laurent Vercueil). Cependant, ce dernier n’était en dédicace que le lundi et le mardi, moments où nous serions déjà, malheureusement, rentrés. Ce n’était sans compter sur la gentillesse de Laurent qui nous a dit « Je suis à la soirée du Bélial à telle adresse, venez ». Je ne pensais que très timidement faire signer ce titre et repartir. Et puis…. Et puis j’ai croisé Erwann Perchoc, qui m’a très gentiment resté de proposer. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de plaisir à discuter avec toi. Alors, on est restés, eu une longue discussion sur le nihilisme avec Jean Baret, discuté en passant de l’anglais en français sans raisons avec Rich Larson avec qui nous avons conversé écriture, littérature, blogosphère. Promis Rich, je ne chroniquerai pas tes livres s’ils ne me séduisent pas. Et promis aussi, je lirai The Ministry for the Future (Kim Stanley Robinson) que tu m’as recommandé. Et ravie de t’avoir croisé Gilles, vraiment.
C’est le cœur un peu serré que j’ai quitté Nantes le lundi 31 octobre, fatiguée, la valise trop pleine, mais la tête et le cœur tout de même remplis de beaucoup de souvenirs qui resteront gravés.
Les achats
Forcément, je n’allais pas revenir les mains vides de Nantes. J’en ai profité pour découvrir la magnifique libraire l’Atalante à laquelle j’ai craqué, totalement. Quelques achats en seconde main, au gré des bouquineries et des petits marchés aux livres dans les rues de Nantes, et puis aussi, forcément les achats à la librairie des Utopiales. Très heureuse d’ailleurs d’avoir eu l’appartement à 1 minute à pied de la cité des congrès afin de délester mon dos.
Donc, voici le bilan, 13 achats, que j’ai réussi à faire tenir dans ma valise en plus des 4 titres que j’avais amené pour d’éventuelles dédicaces. D’ailleurs, en termes de dédicaces, je suis ravie car j’ai pu rencontrer quasiment tous les auteurs que je voulais croiser. Merci à eux, et merci pour les échanges.


Encore merci à mon cher et tendre de m’avoir accompagné dans cette aventure fabuleuse. Il paraît qu’il a envie de rédiger un petit retour d’expérience lui aussi, nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve.
Et c’est ainsi que s’achève mon récapitulatif des mes premières Utopiales, pas les dernières. Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine, du 1er au 5 novembre 2023.
Avec affection,
Elwyn
DP Clark est un excellent auteur, je l’ai découvert il y a quelques années en VO, et je suis tombée sous le charme, même si Ring Shout ne m’a pas franchement plu comme roman. C ‘est le seul d’ailleurs. Malgré cela je suis très heureuse qu’il ait remporté le prix.
Le salon propose de tester les limites de tous les participants tant il y a du monde….
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Formidable première édition que tu as vécue là 🙂
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Ravie que cette première édition t’ait plu en tout cas et de t’y avoir croisée avec le navigateur 😉
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Plaisir partagé !
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