Un gars et son chien à la fin du monde – C. A. Fletcher

Un gars et son chien à la fin du monde… Un titre clair et évocatif, qui livre exactement ce qui est promis, et en beauté. J’ai effectué cette lecture en commun avec Jean-Yves !

J’ai été touchée par ce roman tout récemment paru en poche qui offre un récit post-apocalyptique tendre et touchant. Voyons…

Un gars et son chien à la fin du monde

Auteur : C. A. Fletcher (Traduction par Pierre-Paul Durastanti)

Paru aux J’ai Lu en août 2020, présente édition août 2022. VO parue en 2019

Pages : 435

4ème de couverture

Griz vit avec sa famille et ses chiens sur une île au large de l’Écosse. Ses premiers voisins sont à trois îles de là, et les suivants… si loin que ce ne sont sans doute plus des voisins. Car, une génération après la Castration, la Terre compte moins de dix mille habitants. Et pas beaucoup de chiens. Alors, quand on lui vole l’un des siens, le sang de Griz ne fait qu’un tour.
Ainsi débute son épopée au cœur des vestiges de notre civilisation, avec pour seuls compagnons son autre chien, son journal et la nostalgie d’un monde entraperçu au travers des livres trouvés sur son chemin.


Terre, Royaume-Uni, Écosse… Unité de temps indéterminée, bien que ce soit dans un futur, probablement semi-lointain. Suite à une apocalypse, ou plutôt une lente et douce extinction de la race humaine (en cause une quasi-disparition de la fertilité), nous faisons la découverte de Griz, enfin, il se présente à nous lecteurs. Griz est un gars, le gars, un ado, je présume. Il vit sur l’une des îles de ce qui était les Hébrides. Il vit une vie frugale et isolée avec sa famille, dans ce monde sans technologie, sans pétrole, sans les moyens industriels que nous connaissons. Sa vie est paisible, simple. La journée il travaille, le soir il se détend auprès du feu avec les siens, ou lis, l’un de ses passe-temps favoris. Jusqu’au jour où. Jusqu’au jour où un marchand (Brand), porteur de milles et une belles histoires, accoste, leur narrant et les berçant, les bernant dans ces contes d’autrefois. Le lendemain matin, son chien a disparu et Brand avec lui. Griz prend donc la décision la plus rationnelle (non), celle de partir à la recherche de son chien. C’est le début d’une épopée.

Certains poisons pénètrent par la bouche. D’autres, par l’oreille. Brand a toujours bien parlé, sachant adoucir son discours d’un sourire ou d’une plaisanterie pour dissimuler le goût révélateur de ce qui vous bouffera de l’intérieur par la suite.

Aux confluents entre le récit initiatique et le road trip, Un gars et son chien à la fin du monde raconte l’histoire de Griz, à la recherche de son chien, à la fin du monde. Sous le prisme des multiples inconnues, nous redécouvrons le Royaume-Uni dans l’après, l’auteur n’épargnant pas son protagoniste principal, lui exposant, lui faisant découvrir l’humanité dans toutes ses forces et également ses faiblesses. J’ai également apprécié que Griz découvre le monde sous le prisme de la littérature, qui se révèle essentielle, qu’importe le lieu et le temps. C’est sombre, l’apocalypse c’est sombre, l’humain aussi dans certains aspects, mais sans oublier d’être factuel et sans être exagéré. Les personnages secondaires, surtout celui de John, sont très touchants également.

La forme narrative est assez standard pour du post-apo, car c’est Griz qui s’adresse directement au lecteur, brisant le 4e mur, à la manière d’Essun dans La Cinquième Saison, ou de Koli dans la trilogie Rempart. C’est d’ailleurs à cette dernière que le livre m’a beaucoup fait penser au début de ma lecture. Contextes différents, mais tout deux récits initiatiques de deux adolescents à la découverte du monde. Les messages aussi diffèrent, mais n’en restent pas moins importants. J’apprécie aussi qu’ici ils soient exprimés de manière presque muette, laissant au lecteur le moyen de tirer ses propres conclusions. Aussi, les tares d’hier seront peut-être les tares de demain… À méditer.

En termes d’intrigue, C. A. Fletcher délivre les indices au fur et à mesure, nous réservant les plus grandes surprises pour la fin, fin magnifique. Personnellement, je ne les ai pas vues venir et ai été sur le cul. Cependant, avec un peu de recul, les révélations sont cohérentes, et nous sont subtilement indiquées au fil de la lecture. L’auteur sème si bien le doute qu’à des moments, je ne sais pas si je dois le croire. Et ça, c’est fort. C’est très bien ficelé. L’auteur accompagne son récit d’une prose que j’ai trouvée emplie de tendresse.

Petit shoutout aussi à l’extraordinaire Pierre-Paul Durastanti qui a traduit avec brio ce texte qui a bien dû lui donner du fil à retordre, surtout dans les passages de John. Merci pour ton travail.

En résumé : Un des meilleurs récits post-apo que j’ai pu lire. Récit initiatique, road trip. À la fois dur et tendre. C’est une très jolie histoire que je garderai près de moi et que je vous recommande très chaudement.

Citations choisies

Maintenant, voilà ce que je sais : quand un menteur annonce dire la vérité, mieux vaut écouter ses histoires avec encore plus d’attention — il ne va pas tenter d’y cacher la vérité, mais elle en sera totalement absente. Et elle résidera dans ce qu’il passe sous silence. Tu écoutes la forme de son mensonge, tu vois la place qu’il prendre, puis tu recherches la vérité dans les espaces vides.

L’auteur du tag devait être dans sa phase peine et misères, car les lettres semblent à la fois tremblées et rageuses. Bar y voir un cri de la génération des Derniers-nés.

La solitude permet de laisser les idées noires s’enraciner. Dans ton monde surpeuplé, tu avais des moments de calme où ton esprit avait la place de te traquer, de se jouer de toi ? Ou il y avait trop de gens pour te donner le loisir d’écouter les chansons qu’il voulait te chanter — les mauvaises comme les bonnes ?

J’aurais peut-être dû lire une Bible destinée aux adultes, mais durant mon enfance, on manquait de temps à consacrer aux dieux. Leur heure avait sonné. Ils étaient morts, comme vous tous. Ce ne sont plus que des histoires. Bar le soutient : les dieux étaient des histoires donnant un sens à la vie de ceux qui voulaient qu’on les prenne en charge au lieu de mener leur barque.


Et vous, qu’en avez-vous pensé ? Êtes-vous tenté-e ?

Défi 2022

Cette lecture ne s’inscrit pas dans mon défi 2022, ayant déjà validé toutes les catégories auxquelles elle peut appartenir. Voici les catégories identifiée.:

  • Catégorie 06 : Un livre récent : publié en 2021 ou 2022
  • Catégorie 13 : Un livre dont un des protagonistes principaux est un enfant ou un adolescent
  • Catégorie 30 : Un livre avec un voyage

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