Les meurtres de Molly Southbourne – Tade Thompson[#UHL 18 ; Molly Southbourne #1]

Les titres relatifs à Molly Southbourne sont probablement ceux qui ont la meilleure presse dans la collection UHL (quoique, certaines parutions récentes — je pense au Serpent — semblent les détrôner). C’était donc forcément forcément avec hâte que j’abordais cette étape dans mon voyage luminien (oui, j’invente des mots).

Et pour le coup, Les meurtres de Molly Southbourne m’a totalement séduite.

Les meurtres de Molly Southbourne

Auteur : Tade Thompson (Traduction de Jean-Daniel Brèque)

Paru aux Éditions Le Bélial dans la collection Une Heure Lumière en avril 2019. VO parue en 2017.

Pages : 140

4ème de couverture

Molly est frappée par la pire des malédictions. Aussi les règles sont-elles simples, et ses parents les lui assènent depuis son plus jeune âge.
Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi.
Ne saigne pas.
Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent.
Si tu trouves un trou, va chercher tes parents.

Molly se les récite souvent. Quand elle s’ennuie, elle se surprend à les répéter sans l’avoir voulu… Et si elle ignore d’où lui vient cette terrible affliction, elle n’en connaît en revanche que trop le prix. Celui du sang.


Cette novella est un conte scientifique, comme l’interview disponible en fin du titre le laisse sous-entendre. Si on l’on veut se fier à une classification plus standard, le texte relève plus de la science-fiction avec notamment une référence majeure : Frankenstein.

Le premier souvenir de Molly, c’est son père occupé à la tuer.

Cette phrase, l’une des premières du récit, annonce bien la couleur (rouge, sanglante). Molly est victime d’une malédiction qui, du sang de la jeune femme, de l’enfant, fait naître des doubles maléfiques. Je n’ai pas forcément envie de m’attarder sur l’intrigue en elle-même, mais sur la multitude d’éléments que l’auteur a réussi à intégrer, avec succès, dans cette petite centaine de pages.

Les meurtres de Molly Southbourne est un récit initiatique, celui d’une enfant, puis d’une jeune femme qui apprend à naviguer dans la vie avec son affliction atypique. On y lit la construction de soi, influencée par des parents qui à la fois veulent protéger leur fille, tout en l’armant pour faire face à la vie, à sa malédiction. On y parle de féminité, de manière très réaliste et moderne : premières relations sentimentales, charnelles, menstruations (c’est d’ailleurs problématique quand son sang sert de base à la création de doubles maléfiques). On y parle du questionnement de soi, de comment on appréhende le monde, en tant qu’individu, mais aussi en tant qu’individu dans une société où l’on ne pense pas vraiment avoir sa place, tout en le désirant profondément.

Une fois encore, l’expérience de l’auteur, et là je pense à sa profession de psychiatre, permettent un rendu très crédible dans lequel je me suis retrouvée (bon, je ne crée pas de double maléfique à chaque saignement, ouf). Tade Thompson crée un personnage très humain, qui évolue face aux aléas de la vie, pour tenter de devenir une adulte épanouie. D’ailleurs, l’expérience médicale de l’auteur assure une vraisemblance dans la démarche de résolution de la question principale de Molly « Pourquoi je suis ainsi ? ».

La plume de l’auteur, et l’expérience avérée du traducteur Jean-Daniel Brèque, servent au rendu final de cette novella très lisible (entendez par là que je n’ai eu aucun problème à voir les scènes dans ma tête). C’est une excellente nouvelle, sachant que la novella va bénéficier d’une adaptation cinématographique. L’ambiance est horrifique, intrigante, oppressante par moments et sublime le propos du récit.

En résumé : Tade Thompson dresse un récit initiatique, sanglant, glaçant, mais intelligemment mené et moderne. J’ai adoré cette lecture que je recommande chaudement. C’est sans doute l’un des meilleurs titres de la collection.

Note : Bien que le tome fasse partie d’une trilogie, le titre peut être lu seul et sans suite.


Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Défi 2022

Cette lecture s’inscrit dans mon défi 2022 pour la catégorie 09 : Un livre dont l’un des protagonistes est porteur d’un handicap (physique ou mental, de naissance, après un accident, une maladie…). Il peut également être attribué aux catégories suivantes :

  • Catégorie 16 : Avec un héroïne
  • Catégorie 27 : Le titre contient une (ou plusieurs) des lettres suivantes : X, Y, Z
  • Catégorie 28 : Un livre primé (Nommo 2018 ; Julia Verlanger 2019 ; GPI 2020)
  • Catégorie 31 : Le premier tome d’une série
Avec cette lecture, je participe au Summer of the Short Stories

11 réflexions sur “Les meurtres de Molly Southbourne – Tade Thompson[#UHL 18 ; Molly Southbourne #1]

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    1. Oui, c’est assez dingue cette capacité d’auteurices à développer des personnages bien en relief et intéressants en si peu de pages. Je te recommande de lire Les meurtres de Molly Southbourne, rien que pour l’expérience, et qu’il se classe à ce stade comme l’un des meilleurs UHL (mais je n’en ai lu que 18).

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