Quitter les monts d’automne – Émilie Querbalec

Quitter les monts d’automne est l’une des stars de la rentrée littéraire d’automne 2020 et ce à raison. Elle est à nouveau au programme de celle de cette année avec son nouveau roman Les chants de Nüying à paraître le 31 août et que je lirai définitivement.

L’histoire derrière cette lecture est jolie. Il y a quelques mois, Zoé propose sa chronique du titre et en ce fait me séduit. Voyant mon commentaire, Gilles Dumay me contacte et me propose de m’envoyer le titre en service presse, ce que j’accepte avec joie. Et c’est ainsi qu’est née l’histoire de mon coup de cœur pour ce titre. Notons par ailleurs que l’autre titre qui m’a été envoyé, L’architecte de la vengeance, a été un coup de cœur également, carton plein donc ! Bref, je vais laisser la place à mon ressenti et tenter de transcrire ce qui a fait de Quitter les monts d’automne une si belle lecture pour moi.

Merci Gilles Dumay de m’avoir proposé ce Service Presse. Vraiment, sincèrement merci de m’avoir permis de découvrir ce texte (et de l’avoir édité).

Quitter les monts d’automne

Autrice : Émilie Querbalec

Paru aux Éditions Albin Michel Imaginaire en septembre 2020.

Pages : 448

4ème de couverture

Recueillie par sa grand-mère après la mort de ses parents, la jeune Kaori vit dans les monts d’Automne où elle se destine à être conteuse. Sur Tasai, comme partout dans les mondes du Flux, l’écriture est interdite. Seule la tradition du « Dit » fait vivre la mémoire de l’humanité. Mais le Dit se refuse à Kaori et la jeune fille se voit dirigée vers une carrière de danseuse. Lorsque sa grand-mère meurt, Kaori hérite d’un rouleau de calligraphie, objet tabou par excellence, dont la seule détention pourrait lui valoir une condamnation à mort. Pour percer les secrets de cet objet, mais aussi le mystère qui entoure la disparition de ses parents, elle devra quitter les monts d’Automne et rejoindre la capitale. Sa quête de vérité la mènera encore plus loin, très loin de chez elle. Débutant comme un roman initiatique d’inspiration japonaise, Quitter les monts d’Automne s’impose vite comme un récit d’aventures qui frappe d’abord par sa beauté et sa poésie, puis par sa cruauté et son érotisme subtil.


Le récit se déroule sur Tasai, une planète régie par le flux où l’écriture est interdite. Le savoir et la mémoire se transmettent par la tradition orale à laquelle quelques « élus » accèdent à la suite du Ravissement qui survient dans l’enfance. Kaori vit au sein d’une troupe de conteurs itinérants avec sa grand-mère, mais pour son plus grand désespoir voit les années passer et le Ravissement passer à côté d’elle. Quitter les monts d’automne, c’est un roman sur la recherche identitaire de Kaori, orpheline, qui hérite d’un étrange rouleau de calligraphie, interdit, à la mort de sa grand-mère. Étant la seule pouvant accéder aux sceaux qui protègent l’objet, elle se met en quête de réponses, de vérité quant à l’objet. Ce voyage le mènera bien plus loin qu’elle ne l’aurait imaginé. Bien plus loin que ses monts d’automne natals ou que Pavané, la capitale fantasmée par notre protagoniste.

Le récit est narré par Kaori qui dans un premier temps va mettre en place sa vision du monde limitée par son inexpérience, mais par la même occasion, les fondations de sa propre histoire. Ce premier pan du roman est très contemplatif, la narratrice nous montrant un monde et une société d’inspiration japonaise, empreints de rites et de règles solennelles. Cette partie est sublime et très réussie. On sent que l’autrice connaît les subtilités de la société japonaise, et pour cause, elle y est née, est franco-nippone et garde un attachement fort à ses racines. Cela nous permet une incursion douce dans ce monde, nous offrant les attaches de la suite du récit.

La seconde partie du roman prend lui une réelle attache science fictive nous emportant tour à tour dans les sous-genres du planet opera et du space opera. En effet, quand je vous disais que Kaori irait bien plus loin qu’elle ne l’avait imaginé pour comprendre sa propre histoire, et pour se faire elle se retrouve dans les étoiles. À l’instar de notre héroïne, je ne m’attendais pas à me retrouver si loin.

Roman initiatique

Quitter les monts d’automne est définitivement un roman initiatique. Kaori va parcourir terre et ciel afin de percer les secrets qui entourent son existence en danger. Elle subit des épreuves, elle grandit, elle mature. Elle est tantôt naïve, impressionnée et impressionnable, tantôt forte. On la voit évoluer d’une enfant impertinente à une jeune adulte faisant de son mieux pour comprendre son monde et ses origines. Kaori est profondément humaine, elle commet des erreurs de jugement, elle a ses ratés, mais ses réussites aussi, et j’ai eu beaucoup de plaisir à la suivre et me laisser porter par ses découvertes.

Émilie Querbalec gère d’une main de maître la construction de son histoire. Je n’ai pas ou peu deviné les différents tenants, me permettant une immersion totale, car j’étais sincèrement impliquée dans la quête initiatique de Kaori.

De l’importance de la tradition orale

Un des charmes du texte vient aussi de la contradiction entre science-fiction futuriste et désuétude. La transmission orale du savoir et de la mémoire était prévalente à une époque et quelques rares exemples existent toujours aujourd’hui, je pense notamment aux griots. Mais ici, elle est centrale et importante dans le récit, l’écriture étant interdite et une grande partie de la population ne sachant pas lire. À l’inverse aussi, cette importance de l’oral renforce l’importance de l’écrit qui prendra tout son sens au dénouement du voyage de Kaori. Ces deux manières de transmissions ne sont pas opposées, mais complémentaires.

Émilie Querbalec

Oui, c’est étrange d’avoir l’autrice comme sous-titre, mais c’est à mon sens elle qui fait la réussite de ce texte.

Émilie Querbalec, par son style doux, délicat, fluide, poétique nous permet de nous plonger dans son roman et de nous immerger pleinement dans son texte. Elle manie les mots avec une grâce que j’ai rarement vue en plus de nous proposer une très jolie histoire. J’ai sincèrement été subjuguée par la manière dont elle associe les mots pour former des phrases à couper le souffle. J’ai d’ailleurs de la peine à trouver les mots pour exprimer exactement les effets qu’ils m’ont procurés.

Je n’ai d’ailleurs qu’une hâte, me plonger dans ses autres écrits afin de retrouver cette douceur et cette grâce. Steph me dit d’ailleurs de ce roman qu’il est « bien moins bon que son suivant, c’est dire !!! ». C’est donc avec certitude que je vais lire Les chants de Nüying dès sa sortie, qui coïncide par ailleurs avec la sortie poche de Quitter les monts d’automne (alors, vous n’avez plus d’excuses pour ne pas le lire, ça sort le 31 août et ça coute 8,90 euros). Avec seulement un titre, Émilie Querbalec se hisse au sommet de mes auteurices d’imaginaire francophone favoris.

Quitter les monts d’automne est une merveille. Un régal. Je n’ai pas les mots pour exprimer le coup de cœur qu’a été ce roman. Je vous enjoins avec force de lire Quitter les monts d’automne. Vraiment, c’est une pépite.

Citations choisies

Les histoires sont comme les nuages: on a beau vouloir les saisir, elles finissent toujours par s’effilocher au vent. Mais elles ne disparaissent pas. Elles restent là, cachées sous les voiles invisibles du Flux, près de nous, prêtes à renaître au moindre souffle.

Le voyageur arriva à la tombée de la nuit, à l’heure où le chant des cigales s’apaise pour laisser la place au carillon des insectes nocturnes.

Mais sache que la mémoire est une compagne infidèle, qui ment comme une poissonnière. Il n’est pas jusqu’aux dates, qu’elle soit capable d’altérer! Garde donc bien à l’esprit que les événements que je m’apprête à te relater ne sont qu’un reflet de la vérité, et que d’autres, probablement, t’auraient livré un récit différent.


Et vous, qu’en avez-vous pensé ? Êtes-vous tenté-e ?

Défi 2022

Cette lecture s’inscrit dans mon défi 2022 pour la catégorie 02 : Un livre avec une relation de mentor. Il peut également être attribué aux catégories suivantes :

  • Catégorie 13 : Un livre dont un des protagonistes principaux est un enfant ou un adolescent
  • Catégorie 24 : Un livre d’un-e auteurice francophone
  • Catégorie 28 : Un livre primé (Rosny Aîné 2021)
  • Catégorie 38 : Une couverture avec un objet ou une créature capable de voler
Avec cette lecture, je participe au Summer Star Wars

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  5. Les Mots de Mahault

    J’avais également beaucoup apprécié ce roman – découvert dans le cadre du Prix Imaginales des bibliothécaires – et notamment tout ce pan concernant la tradition orale. Je me souviens surtout qu’il m’a mis face à un gigantisme (que ce soit en termes de lieu ou de temps !) absolument incroyable, comme seule la SF sait le faire.

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