L’enfance attribuée – David Marusek [#UHL 21]

Les UHL, c’est toujours des surprises, qu’elles soient positives où qu’elles me laissent dubitative, comme ici. En lisant rapidement la quatrième de couverture en diagonale, je m’attendais à une histoire abordant la maternité et des solutions palliatives à la surpopulation, mais ce n’est pas exactement cela qu’il est question dans cette novella. 

Ce récit est originellement paru en 1995, puis dans une première traduction VF en 1999 avant d’être réédité en UHL en 2019.

L’enfance attribuée

Auteur : David Marusek (Traduction de Patrick Mercadal)

Paru aux Éditions Le Bélial dans la collection Une Heure Lumière en août 2019 (réédition). VO parue en 2017. Première édition VF parue en 1999.

Pages : 128

4ème de couverture

« Le 30 mars 2092, le ministère de la Santé et des Affaires sociales nous délivra un permis, à Eleanor et moi. Le sous-secrétaire d’État à la Population nous fit part de la nouvelle avec les félicitations officielles. Nous étions abasourdis par tant de bonne fortune. Le sous-secrétaire nous invita à contacter l’Orphelinat National. Dans un tiroir se trouvait un bébé à notre nom. Nous étions fous de joie. »
En cette fin de siècle surpeuplée, quand les traitements anti-vieillissements rendent chaque individu virtuellement immortel, avoir un enfant relève du luxe le plus extrême. Sam Harger, artiste spécialisé en design intérieur, ne s’attendait pas à tant de bonne fortune lorsqu’il rencontra l’ambitieuse Eleanor Starke. Couler le parfait amour, puis obtenir l’autorisation d’avoir un bébé… une chance inouïe pour le couple, qui ne cache pas son bonheur. Mais dans ce monde surveillé à l’extrême, dominé par l’informatique et les intelligences artificielles, est-on jamais à l’abri des bugs ?


Originellement parue en 1995, l’histoire est sise en 2092. Suite à l’évolution de la médecine, l’humain peut régulièrement bénéficier de traitements augmentant ses capacités, réduisant son vieillissement, le rendant immortel. Dès lors, une question — toujours d’actualité — se pose : comment lutter contre la surpopulation ? Ce n’est un secret pour personne, mais la Terre a une surface et surtout des ressources limitées. C’est dans ce contexte que la natalité est réglementée et limitée, s’apparentant désormais à une sorte de loterie gouvernementale qui désignera qui aura le droit à la parentalité.

Le récit suit principalement le personnage de Sam Harger. Ce dernier, âgé de quelques centaines d’années, est un artiste reconnu, mais solitaire. Il fera la rencontre d’Eleanor Starke à une soirée, présentée par un ami commun, et surtout, les seuls à y être présents en « corps-réel » (soit, en chair et non en hologramme comme c’est coutume dans la société imaginée par l’auteur). Eleanor « Lea » Starke est une femme puissante et ambitieuse, dont les moindres faits et gestes sont scrutés par les tabloïds, de quoi promettre une relation explosive. Bref, par un coup du sort, les deux personnages tombent sous le charme l’un de l’autre, et un jour, arrive la « bonne » nouvelle : ils ont le droit à un enfant.

Dans ce monde futuriste, la procréation est complètement assistée par la médecine et la science, même pas besoin de pratiquer l’acte reproducteur pour concevoir. Un petit PCR dans le nez de papa et maman et les gènes sont ajoutés à la marmite contenant du sucre, des épices et des tas de bonnes choses. Mais ça ne s’arrête pas là, n’en déplaise aux éthiciens génétiques qui se retourneraient dans leurs tombes. Les futurs parents peuvent concevoir leur bambin sur mesure : genre, correctifs génétiques, prévention de maladies, de malformations ou de handicaps. La machine est rodée et l’erreur n’a pas sa place dans cette société. Enfin, jusqu’au jour où….

Je dois dire que je n’ai été que moyennement transportée par le texte et la narration en elle-même. Je l’ai trouvé un peu décousue, et les personnages plutôt antipathiques. Non, ce qui m’a plu dans ce texte, c’est son aspect réflexif.

En 120 pages, David Marusek nous délivre un condensé de points de départ à des réflexions vieilles comme le monde. L’eugénisme, la question environnementale (par la surpopulation), l’immortalité, l’ambition. Et je trouve qu’il le fait bien, d’autant plus que ces questions n’ont jamais été aussi importantes qu’aujourd’hui. L’enfance attribuée m’a réellement fait alimenter mes propres réflexions et opinions sur ces sujets, et c’est pour moi la preuve d’un texte réussi.

En résumé : L’enfance attribuée est un texte très intéressant qui soulève de nombreuses questions : éthique, eugénisme, environnement, humanité. Les sources de réflexions qu’il propose sont précieuses et pour cela, j’en recommande la lecture.

La proximité du bonheur peut être angoissante. Elle craqua la première.


Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Défi 2022

Cette lecture s’inscrit dans mon défi 2022 pour la catégorie 05 : Un livre publié l’année de votre naissance (oui, je suis jeune). Il peut également être attribué aux catégories suivantes :

  • Catégorie 24 : Un livre avec beaucoup de vert sur la couverture
  • Catégorie 26 : Le titre contient trois mots
Avec cette lecture, je participe au Summer of the Short Stories

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