Sea of Tranquility – Emily St-John Mandel

J’ai découvert Emily St-John Mandel il y a quelques années avec Station Eleven, qui sans être révolutionnaire constitue pour moi une bonne porte d’entrée vers le post-apocalyptique. C’est cette fois-ci avec un autre trope de la SF que l’autrice joue, celui du voyage temporel. Et elle le fait avec brio !

Edit du 24.08.2023 : Le roman est paru en français aux éditions Rivages sous le titre La Mer de la Tranquilité

Sea of Tranquility

Autrice : Emily St-John Mandel

Paru aux éditions Picador le 5 avril 2022

Pages : 272

4ème de couverture

In 1912, eighteen-year-old Edwin St. Andrew crosses the Atlantic, exiled from English polite society. In British Columbia, he enters the forest, spellbound by the beauty of the Canadian wilderness, and for a split second all is darkness, the notes of a violin echoing unnaturally through the air. The experience shocks him to his core.

Two centuries later Olive Llewelyn, a famous writer, is traveling all over Earth, far away from her home in the second moon colony. Within the text of Olive’s bestselling novel lies a strange passage: a man plays his violin for change in the echoing corridor of an airship terminal as the trees of a forest rise around him.

When Gaspery-Jacques Roberts, a detective in the black-skied Night City, is hired to investigate an anomaly in time, he uncovers a series of lives upended: the exiled son of an aristocrat driven to madness, a writer trapped far from home as a pandemic ravages Earth, and a childhood friend from the Night City who, like Gaspery himself, has glimpsed the chance to do something extraordinary that will disrupt the timeline of the universe.


Si dans ma récente lecture de l’homme qui mit fin à l’Histoire l’accent était plutôt porté vers le droit de mémoire, ici, c’est vraiment du jeu avec les lignes temporelles et des dangers que cela peut avoir qui est mis en avant.

Le noyau de l’intrigue se situe au niveau d’un bug dans la matrice dont de multiples témoins (et ensuite protagoniste) semblent être victime. C’est dans ce contexte que le Time Institute va mener une enquête pour tenter de démêler les causes de cet incident, et tenter d’éventuellement de le réparer… C’est tout ce que je vais dire au niveau de l’intrigue, car ce serait divulgâcher l’intrigue et le plaisir de la lecture que d’en raconter plus.

-into a flash of darkness, like sudden blindness or an eclipse. He has an impression of being in some vast interior, something like a train station or a cathedral, and there are notes of violin music, there are other people around him, and then an incomprehensible sound-

Le récit est porté par différents personnages et narrateurs. Nous n’en savons pas trop sur ces derniers, mais suffisamment pour que leurs histoires et interactions soient crédibles et cohérentes. J’ai éprouvé du plaisir à découvrir les éléments qui les ont troublés et ont laissé des stigmates forts sur leur psyché. Je pense que le personnage que j’ai le plus apprécié est Olive Llewellyn, alter égo de l’autrice qui s’auto-incarne du personnage de romancière de son roman. Elle le fait d’ailleurs avec une subtilité maitrisée que seuls les lecteurs de Station Eleven pourraient reconnaître. J’ai beaucoup apprécié ces flashbacks et références discrètes.

Emily St-John Mandel fait également référence, toujours subtilement, à la pandémie de Covid-19et à celles qui suivent dans le futur qu’elle a imaginé. Elle décrit avec finesse comment une majorité de personnes a pu vivre ce chamboulement. Elle interroge également sur cette question millénaire : « Et si je pouvais modifier le passé ? », tout en mettant en garde sur les conséquences de l’altération du temps et de l’Histoire.

C’est la plume et le talent de l’autrice qui viennent finalement donner une vraie impulsion au récit. Simple, mais précise et parfois poétique, la prose porte avec force le récit alambiqué qui nous est offert. La fin m’a surprise, mais avec du recul, c’est une fin qui fait du sens, et qui nous a été amenée tout le long du livre. Une fin réussie.

La chronique est courte, mais Sea of Tranquility est un de ces récits qui ne nécessitent que peu de mots pour vous inciter à le lire le plus rapidement possible (en français ou lorsque la traduction française paraîtra. Je vous garantis quelques heures de lectures instoppables et qui vous réserverons très probablement quelques retournages de méninges.

« But all of this raises an interesting question,” Olive said. “What if it always is the end of the world?” She paused for effect. Before her, the holographic audience was almost perfectly still. “Because we might reasonable think of the end of the world”, Olive said, “as a continuous and never-ending process.”


Et vous, qu’en avez-vous pensé ? Êtes-vous tenté ?

Défi 2022

Cette lecture ne s’inscrit pas dans mon défi 2022, ayant déjà validé toutes les catégories auxquelles elle peut appartenir. Voici les catégories identifiées.

  • Catégorie 06 : Un livre récent : publié en 2021 ou 2022
  • Catégorie 18 : Un livre avec une enquête
  • Catégorie 26 : Le titre contient trois mots
  • Catégorie 27 : Le titre contient une (ou plusieurs) des lettres suivantes : X, Y, Z

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13 réflexions sur “Sea of Tranquility – Emily St-John Mandel

  1. J’avais plutôt bien aimé station eleven, du coup j’aurais été tenté d’en lire un autre de cette autrice.
    Mais là j’avoue que je sature niveau voyage/boucle/paradoxe temporel…
    Peu d’auteur arrive à renouveler ce trope de manière rafraîchissante ces temps ci.
    Merci pour ta chronique !

    Aimé par 1 personne

    1. Je comprends tout à fait ton sentiment. Après j’admets que ce n’est pas une thématique que je lis régulièrement, donc pas de lassitude de mon côté. Merci pour la lecture et le commentaire 🙂

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  2. Je ne connaissais pas du tout et a priori, ça pourrait me plaire mais n’étant pas certaine d’arriver à suivre ce genre d’histoire en anglais, je vais sagement attendre la traduction française 🙂 Et merci d’avoir évoqué la manière dont l’autrice s’est auto-représentée dans le roman puisque ne la connaissant pas, je serai clairement passée à côté de ce clin d’œil :

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