Pour son dernier texte de l’année 1, la collection UHL propose un texte puissant, poignant et glaçant, à l’image de sa première publication : Dragon.
Si le texte, acclamé et encensé par les blogopotes, fait preuve de qualités indéniables, il n’a pas vraiment fonctionné pour moi. Probablement parce que je n’ai pas pu réellement m’immerger dans l’horreur qui nous était contée. Il m’a fallu 3-4 jours pour le lire, la fatigue m’emportant tous les soirs. Mais comme je le mentionnais, je vais tout de même vous parler de ce qui fait la force de ce texte, que je reconnais, et qui en a fait un incontournable de la collection pour de nombreuses personnes.
Je copite Sabine de chez Fourbis et Têtologie, et vous proposerai une chronique UHL toutes les semaines (le jeudi) jusqu’à éclusion du stock.. donc ça fait jusque fin novembre pour le moment.
Mention spéciale, comme à chaque fois à l’illustrateur Aurelien Police pour cette superbe couverture et charte graphique !

L’homme qui mit fin à l’Histoire
Auteur: Ken Liu (Traduction par Pierre-Paul Durastanti)
Paru aux Éditions Le Bélial dans la collection Une Heure Lumière en août 2016, VO en 2011
Pages : 112
4ème de couverture
Futur proche.
Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l’observateur d’interférer avec l’objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l’histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d’État.
Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l’Unité 731 se livra à l’expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d’un demi-million de personnes… L’Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d’occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l’Histoire.
Avec ce texte, Ken Liu (dont c’est ma première lecture), nous conte les horreurs qui ont eu lieu durant les conflits entre la Chine et le Japon, à l’apogée de l’empire de ce dernier, entre 1932 et 1945. L’unité 731 (dont je n’avais jamais entendu parler avant), «était une unité militaire de recherche bactériologique de l’Armée impériale japonaise. Officiellement, cette unité, dirigée par Shirō Ishii, se consacrait « à la prévention des épidémies et la purification de l’eau », mais, en réalité, elle effectuait des expérimentations sur des cobayes humains comme des vivisections sans anesthésie ou des recherches sur diverses maladies comme la peste, le typhus et le choléra en vue de les utiliser comme armes bactériologiques » (Wikipedia)
Selon Wei, « l’histoire écrite n’a qu’un but : concevoir le récit cohérent d’un ensemble de faits. Nous sommes restés enlisés trop longtemps dans la controverse sur la justesse de ces faits. Le voyage temporel mettra la vérité à portée de vue, comme si on regardait par la fenêtre. »
L’auteur place de ce cadre horrifique deux scientifiques qui ont trouvé un moyen de revenir dans le temps, une unique fois, pour témoigner de la « vérité » qui a hanté ces lieux. Bien évidemment, des oppositions politiques de part et d’autre surviennent, aucun des camps ne souhaitant prendre de responsabilités relatives aux évènements tragiques s’étant déroulés.
Sous la forme d’un documentaire, Ken Liu, au travers de ses personnages, conte le processus de sa découverte, et alterne entre des moments présents, et les témoignages de parents qu’il a envoyé dans le passé pour qu’ils puissent raconter « la vérité » de l’horreur. Il fait appel ici au droit de mémoire des victimes, et milite pour que les horreurs de la guerre soient reconnues de tous. Il émet aussi une réflexion autour de la place de l’homme dans l’histoire. Ne serait-ce pas blasphématoire de voler au passé, silencieux, immuable, ses caractéristiques propres ? Est-ce que l’histoire l’est toujours une fois qu’elle a disparu en une nuée de photons ?
La position de Wei, c’est que, sans vraie mémoire, il ne saurait y avoir de vraie réconciliation. Sans vraie mémoire, les individus de chaque nation n’ont pas pu ressentir ni se remémorer la souffrance des victimes. Individualiser le récit que chacun de nous se fait des évènements est un prérequis avant de pouvoir s’extirper du piège de l’histoire. Telle était, dès le départ, la nature du projet.
Le texte est dur, violent, et décrit graphiquement les violences et tortures que subissaient les captifs. Il n’est pas à mettre entre toutes les mains. C’est une lecture coup de poing, militante, qui met la lumière sur le rôle que nous avons à jouer en tant qu’être humain dans le déroulement de l’Histoire, avec un grand H.
Et vous, qu’en avez-vous pensé ?
Défi 2022
Cette lecture s’inscrit dans mon défi 2022 pour la catégorie 15 : Un livre d’un auteur que vous n’avez jamais lu.
Ping : L’Homme qui mit fin à l’histoire – Ken Liu – Les Lectures de Xapur
C’est, en effet, une lecture très difficile qui nécessite des cargaisons de bonnes vibes et de câlinouthérapie après lecture ❤️😄.
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Oui, je suis allée chercher mon chat juste après pour la câlinouthérapie.
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Faut bien qu’ils servent à quelque chose ces boules de poils ! 😁
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1 UHL par semaine ! Je suis Sabz depuis qu’elle s’est lancée là-dedans en me demandant comment elle fait, pareil ici donc. De mon côté j’en lis un par mois pour rattraper mon retard et je ne pourrais faire plus. J’envisage juste d’accélérer le rythme sur la fin pour en « terminer » plus vite XD
Dommage pour ton ressenti mais ce sont des choses qui arrivent
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Bah, la plupart se lisent en une soirée, donc c’est pratique entre deux grosses lectures ou les soirs où il y a peu d’envie. En plus, je suis dans une période où j’attends des titres à lire à en priorité, donc ça me permet de lire quelque chose qui ne me prends pas trop de temps. Mais je comprends totalement ton sentiment face à ça aussi ahah
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Belle chronique !
Je suis ravi que tu aies aimé 🙂
Mon UHL favorite. Il faut dire que je suis vraiment la cible 😉
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Eheh 😀
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Ping : L’homme qui mit fin à l’histoire | Ken Liu – Le dragon galactique
Cette novella est somptueuse. Elle permet de découvrir un auteur, un pan de l’histoire passablement méconnu et de s’interroger sur le souvenir. Une lecture indispensable !
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