Les Oiseaux du temps – Amal El-Mohtar & Max Gladstone

C’est toujours délicat d’exprimer son avis sur un livre que l’on a moins apprécié. J’ai l’impression que lorsque l’avis va un peu en sens inverse de l’opinion générale (bien qu’il m’importe peu), ça rajoute une couche de difficulté. Cela a malheureusement été le cas avec Les oiseaux du temps, auquel qui je reconnais volontiers des qualités tout de même. Situation de lecture peu idéale ou attentes trop hautes, je ne sais pas.

Avant tout, mention pour le superbe travail de Kévin Deneufchatel sur cette couverture que je trouve juste sublime

Les oiseaux du temps

Auteurs : Amal El-Mohtar et Max Gladstone (Traduction par Julien Bétan)

Paru aux Éditions Mnémos, label Mü en mai 2021 (VO parue en juillet 2019)

Pages : 192

4ème de couverture

C’est ainsi que nous gagnons.

Bleu et Rouge, deux combattants ennemis d’une étrange guerre temporelle, s’engagent dans une correspondance interdite, à travers les époques et les champs de bataille. Ces lettres, ne pouvant être lues qu’une seule fois, deviennent peu à peu le refuge de leurs doutes et de leurs rêves. Un amour fragile et dangereux naîtra de leurs échanges. Il leur faudra le préserver envers et contre tout.
Les Oiseaux du temps fait partie de ces romans inoubliables qui nous ressourcent et nous rappellent avec douceur et justesse que l’humanité, l’altérité et l’amour sont les réponses universelles à nos besoins essentiels.


Peut-être que commencer par le titre VO de cet œuvre me donnera un point d’ancrage. This Is How You Lose the Time War, un titre plus évocateur de la nature de cette novella. Une sorte de guide initiant le lecteur aux arts de perdre une guerre.

Le récit oppose deux factions, l’Alliance (représentée par Rouge) et le Jardin (représentée par bleu), qui se mènent une guerre dans les multitudes de réalités temporelles, ici des brins. Ces agents, utilisés comme outils de guerre, voyagent à travers les ères tentant de faire des défaire les actions du camp opposé dans le but de gagner la guerre qui se joue. Des enjeux et buts de cette dernière, nous n’en saurons rien, et je pense que c’est là que se pose le premier problème de ma lecture : un manque de contexte auquel se raccrocher.

Et pourtant. Il y avait quelqu’un d’autre sur le terrain – pas un rampant, comme ces cadavres embourbés dans le temps qui jonchent son chemin, mais un véritable adversaire. Quelqu’un de l’autre camp.

Un jour, Bleu décide de tirer parti de l’orchestration dont elle la marionnette, agrémentant ses combats de piques à son adversaire, sous la forme de lettre. C’est le début d’une correspondance épistolaire entre les deux protagonistes lassées. Ces dernières redoublent d’ingéniosité pour laisser dissimuler leurs échanges. Rapidement, cette relation de rivalité, de défi se transforme en amitié, puis en amour.

Et puis c’est tout. Enfin, une fin quelque peu tragique dont je ne vais pas vous relever la nature au risque de gâcher la lecture.

Je pense que c’est essentiellement ce qui fait cette lecture en demi-teinte. Un manque d’éléments tangibles pour accompagner le lecteur dans sa compréhension des tenants et aboutissants de cette guerre. Cependant, je pense que la construction du roman laisse volontairement de côtés ces aspects-là, pour inviter le lecteur à se laisser porter par une prose magnifiquement poétique (et joliment traduite).

London Next – le même jour, le même mois, la même année, mais à un brin de décalage – est le Londres dont tous les Londres rêvent : une teinte sépia, un ciel traversé de dirigeables, la cruauté de l’Empire se résumant à une toile de fond, une lueur idyllique aux arômes ‘d’épices et de fleurs en sucre. Aussi maniéré qu’un roman, sale seulement quand l’histoire le demande ; tout n’est que tourtes à la viande et monarchie.

Malheureusement, cela ne m’a pas suffi pour me transporter dans cet univers. J’estime aussi que le récit souffre d’un rythme qui le rend difficile à comprendre. Son premier tiers n’offre aucun point d’attaches, qui sont ensuite moindrement offerts. Je pense que j’aurais préféré que l’on se concentre plus sur la Time War en nous offrant plus de concret.


Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Défi 2022

Cette lecture s’inscrit dans mon défi 2022 pour la catégorie 38 : Une couverture avec un objet ou une créature capable de voler. Il peut également être attribué aux catégories suivantes :

  • Catégorie 06 : Un livre récent : publié en 2021 ou 2022 (inédit en grand format ou première édition en poche)
  • Catégorie 27 : Un titre contient une (ou plusieurs) des lettres suivantes : X, Y, Z
  • Catégorie 28 : un livre primé – prix de la meilleure novella : Nebula (2019), Locus (2020), Hugo (2020) et Aurora (2020)
  • Catégorie 31 : Livre avec un voyage

5 réflexions sur “Les Oiseaux du temps – Amal El-Mohtar & Max Gladstone

  1. Je me demande si c’est du à la traduction, mais j’avoue que je l’ai lu en Vo et je ne me souviens pas avoir eu de problème de compréhension sur ce qui se passait. Enfin certainement sur le tout début (mais comme dans tout les autres livres j’imagine), c’était tellement rapide à passer comme passage que ça ne m’a vraiment pas marqué.

    Quand je pense que pour le livre des Martyrs il faut lire au moins 500 pages pour commencer à comprendre ce qui se passe, je trouve qu’ici 65 (si on se fie au « premier tiers ») reste très raisonnable.

    Mais ce qui est « bizarre » c’est qu’en VF j’ai l’impression que tout le monde l’accent sur le fait que c’est poétique niveau style, alors qu’en Vo certes ça reste poétique parce que c’est une histoire d’amour et qu’il y a des trucs un peu abracadabrants dans les lettres, mais le style lui même n’était pas spécialement ultra poétique dans ses phrases.
    Ça rendait peut être le tout plus accessible? J’imagine.

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  2. Il est dans ma PAL VO, mais ta remarque sur la fin me fait un peu peur, n’appréciant pas particulièrement les fins dramatiques. Quant au manque de contextualisation, je pense pouvoir passer outre, mais ça reste déstabilisant… En tout cas, c’est chouette de voir passer un avis mitigé et donc de pouvoir prendre un certain recul sur une histoire dont on ne cesse de lire que du bien.

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  3. Je comprends tout à fait ton ressenti même si je fais parti des personnes qui ont été conquises par Les oiseaux du temps. La narration est très particulière et le manque de contexte ou d’explication est très déstabilisant et même un peu frustrant. C’est un texte qui demandé un lacher-prise vertigineux qui ne peut pas convenir à tout le monde.

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