Dans le cadre des lectures duo organisées par Jean-Yves sur le groupe Facebook des mordus de SFFF, j’ai lu ce roman avec ma binôme Steph de De l’autre côté des livres. Le thème de cette lecture était « autrice de SFFF ». Lorsqu’elle m’a proposé ce roman, j’étais pas mal emballée, donc nous voilà !
Vous pouvez retrouver son retour de lecture ici.

Autonomous
Autrice : Annalee Newitz
Paru aux Éditions Tor Book en septembre 2017
Une traduction de Gilles Goullet, parue chez Denoël (2018) puis Folio SF (2020) est disponible sous le titre « Autonome »
Pages : 304
4ème de couverture
2144. Jack Chen, une ancienne scientifique et militante antibrevet, synthétise désormais des médicaments pirates. Robin des Bois des temps modernes, elle sillonne les océans dans son sous-marin, vendant ses produits à bas prix aux populations incapables de s’offrir les molécules originales. Mais sa dernière « création », dérivée du Zacuity, une pilule qui augmente l’attrait pour son travail, semble provoquer une addiction très rapide, et les morts se multiplient. Toutes les victimes se sont, littéralement, tuées à la tâche.
Persuadée que ce n’est pas elle qui est coupable, mais la molécule originale, Jack va tout mettre en œuvre pour le prouver et trouver un remède. Mais, afin de la faire taire définitivement, on a lancé à ses trousses un biobot militaire, Paladin, dont c’est la première mission sur le terrain.
Le cyberpunk est un genre littéraire qui se construit dans le futur d’une société sombre et technologiquement avancée. C’est le premier roman du genre que je lis. En fait, cette lecture appartiendrait encore plus au genre biopunk. Autonomous est un roman intéressant qui dans un cadre d’enquête et de chasse à l’homme, pose de nombreuses questions d’actualité.
Servitude
En France, la notion d’esclavage a été définitivement abolie en 1848. Cependant, dans ce roman se déroulant en 2144, dans un contexte où les frontières nationales sont floues car les terres sont réparties en fédérations et zones de commerces, elle existe belle et bien. Ici, surtout des robots, mais aussi quelques humains peuvent toujours être asservis, à différents buts : robots militaires, sexuels, ouvrier et j’en passe. Les humains n’ayant pas eu là chance de grandir dans des conditions favorables sont eux aussi asservis en échange d’une liberté à terme.
Vous n’étiez pas censés asservir les enfants dans la zone de libre-échange, mais ça se faisait tout le temps. Parfois secrètement, parfois accidentellement, et toujours cruellement.
Traduction personnelle
Un monopole pharmacologique décrié
Big Pharma est déjà bien souvent pointé du doigt de nos jours par notre société lui prêtant tantôt des caractères diaboliques et malintentionnés ou encore une recherche du profit sans limites (alors que c’est à mon sens quelque chose qu’ils n’ont jamais caché). Dans la société que l’autrice a créée, les reproches que l’on pourrait faire à l’industrie pharmacologique sont encore plus poussées. Organisés en monopoles et dont les brevets ne sont jamais libérés, les sociétés de pharma appliquent une pression financière sans limite qui n’octroie qu’au plus fortunés la possibilité de se procurer des médicaments pourtant parfois vitaux. Cette exagération, ma foi pas tant irréaliste que ça lorsque qu’on constate le prix de certains médicaments nécessaire (je pense à l’insuline en Amérique du Nord par exemple) montre le militantisme marqué de l’autrice, mais surtout du personnage qu’elle a créé : Jack. Cette dernière se bat depuis toujours contre cette dictature en « piratant », par la rétro-ingénierie, et en distribuant ces molécules si précieuses. C’est aussi le point de départ du récit et de la chasse qu’elle subira, ayant mis sur la marché noir une molécule extrêmement, mortellement, addictive.
La différence est que Zacuity change l’anatomie de votre cerveau, vous rendant plus susceptible à l’addiction avant même que vous soyez high
Traduction personnelle
Exploration et apprentissage
Autre duo majeur de récit : les opposants de Jack. Elias et Paladin, son robot militaire attribué à la mission de pourchasser et de faire taire à jamais Jack. Ces deux personnages témoignent de l’étrangeté de cette société futuriste. Elias, l’humain, équipé d’implants cybernétiques semble ne pas trop comprendre le fonctionnement de son robot, en le mégenrant (spoiler, les robots n’ont pas de genre), en lui prêtant des traits qu’il n’a de facto pas et en naviguant ses propres émotions qui n’ont en finalité aucun sens dans la mesure où les robots sont programmés (anthropomorphisme). A l’inverse, Paladin accueille de plein fouet la quête identitaire d’Elias, tentant d’interpréter du mieux qu’iel peut, dans les limites de sa programmation, des compétences humaines « patchées » à son système et sa maigre autonomie. Fait intéressant, iel est en mesure de ressentir de la douleur et quelques émotions, fait assez intéressant chez un robot qui dans l’imaginaire collectif n’est en mesure de percevoir ni l’un, ni l’autre.
Dans ce récit définitivement militant, Annalee Newitz aborde de thèmes essentiels à la société d’aujourd’hui. Elle navigue habilement avec des questions d’éthique et de liberté dans un roman qui m’a profondément plu. Mention spéciale aux notions d’ingénierie et d’académique qui résonnent profondément en moi, car incarnant mon propre parcours.
Et vous, qu’en avez-vous pensé ?
Défi 2022
Cette lecture s’inscrit dans mon défi 2022 pour la catégorie 35 : Un livre avec une créature artificielle. Il peut également être attribué aux catégories suivantes :
- Catégorie 04 : Un livre dont le ou les héros sont des méchants/exercent une activité malhonnête
- Catégorie 16 : Un livre avec une héroïne
- Catégorie 20 : Un livre avec des flashback
Merci pour la découverte ! Je ne connaissais pas du tout cette autrice et ce que tu en dis me plait beaucoup 😄.
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Avec plaisir ! 🙂
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Il me semble que je l’avais commencé et que je n’avais pas accroché. Mais ce n’était peut-être pas le bon moment , je suis plutôt fan du cyberpunk en général !
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Rah, c’est compliqué de lire des livres :p
Entre trouver quelque chose qui nous plaît et le moment opportun.
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