Dragon – Thomas Day [#UHL 01]

La collection Une Heure Lumière a fait son chemin et s’est imposée comme une collection majeure de la scène éditoriale imaginaire francophone. « Faire voyager loin le lecteur, voilà précisément l’ambition de la nouvelle collection du Bélial’, Une Heure-Lumière. Une Heure-Lumière, ce sont des romans courts et de facture élégante : assez brefs pour être lus d’une traite, mais riches en sense of wonder, faisant la part belle à une science-fiction ambitieuse, celle du vertige et de l’émerveillement. »

C’est une collection que j’avais découvert avec sa Troisième (#3) parution, Cookie Monster. Dès lors, j’ai été séduite et me suis empressée d’acquérir l’intégralité des publications de ces collection (excepté les publications 2022). Je remercie d’ailleurs mes proches qui se sont associés pour me les offrir à Noël !

Bref, j’ai décidé de commencer mes lectures avec la première parution qui n’est qu’autre que Dragon, une novella glaçante, crasse et percutante.

Mention spéciale, comme à chaque fois à l’illustrateur Aurelien Police pour cette superbe couverture et charte graphique !

Dragon

Auteur: Thomas Day

Paru aux Éditions Le Bélial dans la collection Une Heure Lumière en janvier 2016

Pages : 160

4ème de couverture

Bangkok. Demain.
Le régime politique vient de changer.
Le dérèglement climatique global a enfanté une mousson qui n’en finit plus.
Dans la mégapole thaïlandaise pour partie inondée, un assassin implacable s’attaque à la facette la plus sordide du tourisme sexuel. Pour le lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon, chargé de mettre fin aux agissements de ce qui semble bien être un tueur en série, la chasse à l’homme peut commencer. Mais celui que la presse appelle Dragon, en référence à la carte de visite qu’il laisse sur chacune de ses victimes, est-il seulement un homme ?


Comme pour Cookie Monster, difficile de vraiment parler de manière très exhaustive de cette novella. Premier point peut-être, je la réserverais à un public averti. En effet, les thématiques sont fortes, importantes mais l’auteur ne va pas de main morte pour nous décrire, avec violence et ténèbres, les drames. Tourisme sexuel, pédophilie, vice sont au cœur de ce récit poignant, et parfois un peu malaisant.

Cette ville est pourrie jusqu’à la moelle, c’est la carcasse aplatie d’un chien rongée par les vers. Il ne peut plus mordre depuis longtemps, mais ses miasmes vous tuent à petit feu. C’est comme si on vous enfonçait dans la gorge un court tuyau d’arrosage relié au rectum d’un mort.

L’histoire, aux aspects plutôt de polar et de thriller que de fantastique, s’intéresse à un criminel (s’il en est un) qui signe ses crimes d’une carte ornée d’un dragon tribal. Symbolique que je trouve par ailleurs assez intéressante si l’on connaît un petit peu Nietzsche, cité en préface de la lecture. Nous suivons le lieutenant Tannhäuser Ruedpokamon (ou Redpokemon pour les intimes), chargé de traquer et d’abattre le Dragon. Au travers de son enquête, nous explorons aussi les vices et les idéaux assumés du personnage.

La plume tranchante de Thomas Day sert ce récit, proposé au lecteur sous une forme décousue, permettant l’immersion malsaine dans le plus bas des fonds de la capitale thaï. L’auteur dépeint une Bangkok sale, crasse, viciée, en proie avec ses tourments et ses enjeux. La réalité n’est pas tendre et l’auteur nous le fait bien comprendre avec son style, n’hésitant pas à décrire explicitement la torture et la mise un mort d’un homme.

Accroupi derrière le fauteuil, une cigarette aux lèvres, le tueur saisit les testicules de Sophon, incise le scrotum et libère les organes. Après avoir patienté quelques longues minutes, il les arraches d’un coup sec de leurs attaches musculaires et circulatoires.

Je veux dire… j’en ai mal et j’en frissonne bien que je ne sois pas dotée de ces attributs.

Le dernier aspect « intéressant » à mon sens est le questionnement sur ma condition d’humaine que l’auteur a sû engendrer. Ce n’est pas quelque chose auquel je m’attendais avec ce texte, et cela m’a agréablement surprise.

En résumé : Une novella sordide, glaçante, cruelle abordant des thématiques infiniment tristes et tout autant sordides. Un récit à ne pas mettre dans toutes les mains. Comme le dirait l’auteur « Ce livre n’est pas pour mes enfants, mais il est pour tous les autres ; puissent-ils ne jamais connaître « l’horreur ».


Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Défi 2022

Cette lecture s’inscrit dans mon défi 2022 pour la catégorie 04 : Un livre dont le ou les héros sont des méchants/exercent une activité malhonnête. Il peut également être attribué aux catégories suivantes :

  • Catégorie 11 : Un livre qui se déroule sur Terre, mais pas en Amérique ou en Europe
  • Catégorie 18 : Un livre avec une enquête
  • Catégorie 24 : Un livre d’un auteur/autrice francophone

4 réflexions sur “Dragon – Thomas Day [#UHL 01]

  1. Une novella très perturbante qui m’a laissé un sentiment de malaise pérenne. Un pari osé aussi de lancer une collection de novella par un titre comme celui-ci! Je n’ai pas été convaincu à 100% mais c’est indéniablement un texte qu’on garde en mémoire

    Aimé par 1 personne

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