La Cinquième Saison – N.K. Jemisin [Les Livres de la Terre Fracturée #1]

La première fois dont j’ai entendu parler de ce récit, c’est par Jean-Yves dans le cadre d’une lecture croisée qu’il organisait sur le groupe Facebook des Mordus de SFFF. Si le roman n’avait pas été retenu pour la lecture en duo, je l’avais tout de même acheté, mon intérêt étant marqué. Il avait parlé de quelque chose « d’assez ample et déroutant ». Et il s’avère que sa recommandation était assez juste.

Que dire de ce roman… que j’ai été bluffée à un point inattendu. Et que 2022 commence très fort.

En résumé : Le premier tome de cette trilogie est un bijou, une pépite brute polie par un style acéré et poétique et des personnages puissants. Je n’ai qu’une seule envie : découvrir la suite.

Les livres de la Terre fracturée, tome 1 : La Cinquième Saison

Autrice : N. K. Jemisin (Traduit par Michelle Charrier)

Paru aux Éditions J’ai Lu, collection Nouveaux Millénaires en septembre 2017. VO parue en août 2015.

Pages : 542

4ème de couverture

La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s’est d’ailleurs déjà produit plus d’une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d’interminables nuits auxquelles l’humanité n’a survécu que de justesse. Les gens comme vous, les orogènes, qui possèdent le don de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. Mais c’est tout l’inverse. Vous devez vous cacher, vous faire passer pour une autre. Jusqu’au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille.


Les Livres de la Terre Fracturée est une trilogie primée de l’autrice américaine N.K. Jemisin et le premier titre de sa plume que je lis. Et ce ne sera pas le dernier, parce qu’elle m’a emportée avec le premier tome de sa trilogie : La Cinquième Saison.

Cette série s’inscrit dans un genre littéraire que l’on pourrait nommer « Science-Fantasy ». En effet, le récit et la narration colle tant à des aspects de science-fiction, surtout sur le cadre général, et aux codes narratifs et de personnages de la fantasy, ces derniers arborant des caractéristiques de différenciation notoires.

Les thèmes abordés sont intéressants et le sont abordé, à mon sens, intelligemment. On y retrouve notamment : des castes (autoritarisme), de la ségrégation, de l’aliénation, des thématiques environnementales, l’écologie.

Parler de cette lecture est délicat tant il est à mon sens nécessaire de découvrir sa puissance par soi-même. En parlant des points cruciaux de l’intrigue, on gâche la lecture. Cependant, il y a quelques aspects que je souhaite aborder : personnages, ambiance et style.

Un trio fort par ses failles

De manière très brève, le livre nous conte l’histoire des trois femmes dont notamment une orogène. L’orogénie est un pouvoir, une « capacité de manipuler les forces thermiques et cinétiques, ainsi que d’autres formes d’énergie, pour influence les secousses sismiques ». Le pouvoir étant mal-vu des gens « normaux », le pouvoir étant contrôlé par une plus haute instance, les orogènes sont considérés comme des « gèneurs ».

Voilà ce que vous êtes, au fond, cette petite créature mesquine. Tel est le socle rocheux de votre vie. Notre Père Terre a raison de vous mépriser, mais n’en concevez aucune honte. Vous êtes peut-être un monstre, mais vous êtes aussi merveilleuse.

Chapitre 13, « Vous suivez la piste »

Comme je le mentionnais, nous suivons trois femmes : Essun, Damaya et Syénite dans leur apprentissage, maîtrises et missions liées à leur don. J’ai apprécié la force de chacune de ces protagonistes. L’autrice a réussi à nous présenter des personnages forts, mais surtout faillibles et dont les actes ont des conséquences tôt ou tard. J’admets m’être sentie plus proche de Syénite, dont la férocité teinte de fragilité m’a parlé. Les personnages (ou groupes) intervenant de manière secondaire m’ont aussi plu et parus crédible.

Une ambiance intrigante, sombre, angoissante

Le ciel nocturne se réduit à un plafond de cendre, badigeonné de la lumière du feu. Le port a cédé la place à un cône volcanique en pleine croissance qui vomit des nuages meurtriers, pendant que ses pentes nouveau-nées ruissellent d’un sang vermeil brûlant.

Chapitre  20, « Syénite, étirée et retour »

La seconde force de ce récit, intrinsèquement liée au style, est son ambiance. Dès la première phrase, « Commençons par la fin du monde – pourquoi pas ? », le lectorat est plongé dans la désespérance de ce monde marqué, affaibli, par les évènements que Père Terre lui fait subir.

Tout au long de son récit, l’autrice arrive à nous inclure dans son récit et à nous faire ressentir les tourments que subit cette terre et ses habitants, passant des quelques moments de répit bienvenu, aux tristes moments sanglants et dévastateurs. La manière dont est rythmée le roman permet de nous garder en haleine.

Une plume tendrement acérée

Juste des gens ordinaires, parfois enveloppés d’une gangue de crasse par les coulées de boue où les bâtiments effondrés dont ils s’étaient extraits, parfois sanglants, affublés de pansements de fortune quand leurs blessures avaient été pansées.

Chapitre 5, « Vous n’êtes pas seule »

Finalement, la troisième forme de cette lecture est le style de l’autrice, et de la traductrice. La plume est franche et acérée, n’épargnant ni le personnage, ni le lectorat, et c’est une chose que j’apprécie. Cependant, malgré le tranchant, j’ai trouvé une certaine tendresse au style qui dépeint des évènements pourtant glaçants.

Un autre aspect de narration, qui plaît ou déplait, c’est l’usage d’une narration en « vous » dans les chapitres relatifs à Essun. Pour ma part, c’est un choix qui m’a totalement happée et immergée dans le déroulement de l’intrigue.

Si je devais trouver une faille à ce roman, c’est peut-être sa fin un poil précipitée et inattendue, dont je ne comprenais pas trop le sens et l’intérêt. J’espère donc que les tomes suivants éclaireront ma lanterne, et finiront d’apporter des réponses.

En résumé : Le premier tome de cette trilogie est un bijou, une pépite brute polie par un style acéré et poétique et des personnages puissants. Je n’ai qu’une seule envie : découvrir la suite.


Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Défi 2022

Cette lecture s’inscrit dans mon défi 2022 pour la catégorie 31 : Le premier tome d’une série. Il peut également être attribué aux catégories suivantes :

  • Catégorie 02 : Un livre avec une relation de mentor
  • Catégorie 12 : Un livre dont le titre contient un nombre
  • Catégorie 16 : Un livre avec une héroïne
  • Catégorie 22 : Un récit dont un des personnages a un secret
  • Catégorie 26 : Un livre dont le titre contient trois mots
  • Catégorie 28 : Un livre primé – Prix Hugo du meilleur roman 2016
  • Catégorie 30 : Un livre avec un voyage
  • Catégorie 34 : Un personnage badass
  • Catégorie 40 : Un livre avec des conditions climatiques rudes

12 réflexions sur “La Cinquième Saison – N.K. Jemisin [Les Livres de la Terre Fracturée #1]

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