Derniers jours d’un monde oublié – Chris Vuklisevic

Bonjour à tous ! Aujourd’hui, je vous présente un livre qui n’aurait pas forcément dû terminer dans mes mains. J’avais fait promettre à mon compagnon que je repartirais les mains vides du bouquiniste ce jour-là. Sans surprise, ce ne fut pas le cas, et je ne le regrette pas.

Sans être un roman révolutionnaire, et disposant tout de même de quelques faiblesses, Derniers jours d’un monde oublié propose un voyage insulaire intéressant. Je le trouve également bon pour dire que c’est le premier roman de cette autrice dont la publication a été possible, car elle a remporté le concours organisé pour les vingt ans de la collection Folio SF.

Derniers jours d’un monde oublié

Autrice : Chris Vuklisevic

Paru aux Editions Folio SF en avril 2021

Pages : 356

4ème de couverture

Plus de trois siècles après la Grande Nuit, Sheltel, l’île du centre du monde, se croit seule rescapée de la catastrophe. Mais un jour, la Main, sorcière chargée de donner la vie et de la reprendre, aperçoit un navire à l’horizon. Il est commandé par une pirate impitoyable, bien surprise de trouver une île au milieu du Désert Mouillé.
Si la Main voit en ces étrangers une menace pour ses secrets, Arthur Pozar, commerçant sans scrupules, considère les intrus comme des clients potentiels, susceptibles d’augmenter encore, si possible, son immense fortune. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre. Qu’elle les mène à la gloire ou à la ruine, la sorcière, la pirate et le vieux marchand en seront les instigateurs, bien malgré eux.


Pour sa première publication, Chris Vuklisevic offre un récit choral plutôt intéressant dans un cadre fermé, qui m’a plu : une île, peut-être même la dernière île du monde. L’autrice aborde également des thématiques plutôt intéressantes dans un contexte insulaire, sans réel « sang nouveau » : la consanguinité. Elle démontre le prix que certaines personnes sont prêtes à payer pour sauver leurs intérêts propres.

Sheltel, autrefois prospère, se retrouve isolée et en autarcie après le cataclysme de la Grande Nuit. Même plusieurs siècles après le drame, les quelques rescapés qu’ils avaient accueillis, les Ashim, ne sont toujours pas vraiment des Sheltes, et chacun se partage un bout de l’île. Sauf qu’un jour, un équipage pirate fait son apparition, et là toutes les croyances des insulaires s’effondrent en même temps que leurs autorités. L’île est régie par trois instances ; Le Natif, roi-serpent, qui mène un règne tyrannique empreint de mythologies, la Bénie, figure bénévolente qui subvient aux besoins d’un peuple assoiffé et la Main, crainte de tous, non pas pour la personne qu’elle est, mais pour ce qu’elle représente : elle décide de qui vit et qui meurt sur l’île. Chaque union, naissance ou décès doit être accepté puis consigné, essentiellement pour limiter le risque augmenté de consanguinité et ainsi faire perdurer la population de l’île.

Le récit est mené par trois personnages : Erika, pirate dont le rêve est d’enfin quitter les Océans sur lesquels elle est née et passée sa vie et qui voit en Sheltel la possibilité d’enfin d’échapper à la seule chose qu’elle n’ait jamais connue. Le second personnage, Arthur Pozar, vieux marchant et main droite de la Bénie qui voit en l’arrivée du navire une nouvelle source de commerce. Finalement, la Main, pour qui l’arrivée de ces étrangers menace sa raison d’être : l’étranger s’il procrée avec les Sheltes, annihile tout besoin de consigner et de suivre chaque potentielle naissance à la recherche de potentiels défauts génétiques causés par la consanguinité.

Tour à tour, et entrecoupés d’annonces, d’extrait de journaux ou de témoignages, les protagonistes content les douze derniers jours de cette île magique, qui court vers sa fin inexorable. Tour à tour, ils vont nous dévoiler leurs desseins et intérêts personnels, pour certains changeant au gré de la tournure que prennent les évènements (« je retourne ma veste, toujours du bon côté« ) comme dirait Dutronc). L’autrice présente des personnages principaux complexes et parfois surprenants dans leurs actions.

Malgré une histoire et un monde intéressants, le roman présente tout de même quelques faiblesses. Pour moi, le pépin majeur a été la dissonance entre la disette qu’est supposée vivre l’île et ses habitants, isolés du reste du monde depuis plusieurs siècles, et l’usage parfois massif de technologies ou un approvisionnement qui n’est pas cohérent avec la sécheresse et la pauvreté qui règne sur l’île. De plus, quelques aspects sont présentés, mais peu explorés : je pense au Natif, ou à la Grande Nuit et l’éloignement des continents. Ce sont toutes des questions auxquelles j’aurais apprécié trouver des réponses. La fin m’a aussi un poil déçue, car si le but état de montrer une libération et la montée en puissance d’une héroïne forte, laissant son passé derrière elle, cela n’a pas réussi (pour moi).

En résumé : Chris Vuklisevic nous propose un bon premier roman de fantasy dans un univers sympathique et intriguant qui sort de l’ordinaire, mais qui est marqué de légères faiblesses que j’accorde à la « jeunesse » du processus d’écriture. J’ai tout de même passé un bon moment avec cette lecture, et je me suis même peut-être prise à rêver de moi aussi, aller voguer dans le Désert Mouillé.


Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

L’autrice nous parle de son roman

Ailleurs sur la blogosphère

3 réflexions sur “Derniers jours d’un monde oublié – Chris Vuklisevic

  1. Je partage en partie ton analyse. J’ai trouvé qu’il y avait trop de thèmes, d’idées dans ce livre. Du coup, certains aspects sont trop peu évoqués et ça nuit un peu à la cohérence d’ensemble. Il faut parfois se faire violence et faire des choix… Néanmoins, l’autrice écrit très bien, à de l’imagination et un talent pour les personnages. A suivre.

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  2. zoelucaccini

    Je l’ai déjà vu pas mal passer mais je n’ai jamais franchi le cap de sa lecture, je ne sais pas trop pourquoi. Je crois que les retours que j’en avais lus étaient tous enthousiastes (et ça a tendance à me bloquer un peu).
    du coup, ta chronique me rassure paradoxalement !!
    Je crois qu’il vient d’être primé par elbakin si mes souvenirs sont bons. Je vais me laisser tenter en 2022, si je ne suis pas submergée par les nouveautés… !

    Aimé par 1 personne

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