Cantique pour les étoiles – Simon Jimenez

Il semblerait que je sois, sans déplaisir, abonnée aux textes contemplatifs ces temps, Cantique pour les étoiles l’est. Je vous parle de ce voyage dans l’espace et le temps.

Cantique pour les étoiles

Auteur : Simon Jimenez (Traduction de Benoît Domis)

Paru aux éditions J’ai Lu, coll. Nouveaux Millénaires en juin 2021. Présente édition septembre 2022. VO parue en 2020

Pages : 537

4ème de couverture

L’humanité a quitté la Terre, devenue inhabitable, voilà mille ans. Elle vit aujourd’hui dans d’immenses stations spatiales, conçues et gérées par des multinationales, et se déplace entre les étoiles par la Poche, une contraction de l’espace et du temps. Quelques semaines dans la Poche se traduisent par des années, voire des décennies en temps réel, condamnant ceux qui y transitent à une vie de solitude. C’est le cas de Nia Imani, capitaine d’un cargo assurant la liaison entre Umbai-V et la station Pélican. Un jour, une capsule d’origine inconnue s’écrase à la surface d’Umbai-V. À son bord, un enfant, indemne mais muet, que Nia accepte de ramener aux autorités compétentes. Au fil de leur voyage, et malgré le silence, un lien très fort se tisse entre la femme et le garçon. Pourtant, le mystère de ses origines demeure. Ne risque-t-elle pas de commettre une terrible erreur en le livrant à ses employeurs ?


Il est délicat pour moi de trouver un point d’accroche pour débuter cette chronique, donc je vais démarrer par le point commun entre les différentes parties du roman : Nia Imani. Nia est la capitaine du Debby, un vaisseau plus ou moins rafistolé qui voyage, au gré des missions pour lequel son vaisseau est affrété, dans un système planétaire, principalement régi par la Coalitition. Spécificité, pour effectuer ses voyages, elle doit traverser La Poche, un espace-temps où les mois correspondent à des années en « temps réel ». Difficile alors de nouer des relations hors des murs de tôle du vaisseau.

Premier arrêt (ou chapitre), fix-up très agréable en quelques sortes, sur Umbai-V, un monde-ressource.  Un jour, un enfant, Ahro, tombe du ciel. Il est le sujet de Cantique pour les étoiles. Mystifié, il va rapidement attirer l’attention d’une personne importante, Fumiko, qui souhaite le maintenir éloigné du hub interplanétaire Pélican, et plus spécifiquement des influences de la firme Umbai. Nia et son équipage sont alors repartis pour 15 ans, ou jusqu’à l’apparition du don d’Ahro, de vagabondage sur les planètes les plus éloignées de la Coalition ou des Confins. Ce n’est sans compter les aléas d’un voyage, d’autant plus lorsqu’il faut rester cacher aux yeux de la société qui gère tous les aspects de ces mondes.

Comme je le mentionnais en introduction, c’est un roman plutôt contemplatif. Mi-space opera, mi-planet-opera, nous y suivons l’évolution, la croissance d’Ahro, de l’équipage, des liens qui se tissent entre –eux… mais aussi de l’apprentissage des rencontres faites lors des différents arrêts sur d’autres planètes. Ce sont des thématiques qui reviennent souvent dans ce sous-genre de SF, mais à l’inverse de Becky Chambers, par exemple, l’optimisme est plus ténu, plus amer. Le huis clos du Debby m’a permis de développer une sorte de lien un peu privilégié avec l’équipage du vaisseau auquel je me suis attachée.

Ahro n’était pas sûr de savoir quoi dire. A bord du Debby, il avait appris – de Nia en particulier – que parfois les gens ont besoin de décharger leurs frustrations sur quelqu’un, et que la meilleure attitude consiste à écouter. La plus sûre aussi.

Si la fin du roman est logique dans le message que veut faire passer le roman, je l’ai trouvé un peu trop « évidente ». Je pense que le récit aurait gagné d’une fin un peu plus ouverte, ou d’un unhappy-ending.

Le défaut de ce roman, et qui rebutera un nombre de lecteurs non négligeable, c’est sa lenteur et son manque « d’action ». C’est très narratif, très introspectif. Même moi qui suis pourtant friande de ces langueurs, j’ai ressenti ces trop grosses longueurs qui ont freiné ma lecture (il m’a fallu 15 jours). Par exemple, il a fallu le premier tiers du roman pour placer les contours de l’intrigue, un tiers pour naviguer et vagabonder, et le dernier pour donner une finalité.

Certains chemins sont plus longs que d’autres, dit son Bienfaiteur, certains s’interrompent prématurément, mais aucun ne continue éternellement. Tous sont des cercles inachevés.

La plume de Simon Jimenez, dont Cantique pour les étoiles est le premier roman, est très jolie. Poétique sans trop vouloir en faire, restant légère dans les vives descriptions et réflexions, pourtant narrativement lourdes. Pour un premier roman, j’ai trouvé ce titre très bon, réfléchi et mature.

En résumé : Un joli roman, une jolie histoire que j’ai appréciée. Récit lent et contemplatif, il plaira à ceux qui aiment « qu’il ne se passe rien » et qui aiment prendre leur temps.

Prends ma journée, chantaient-ils, mais laisse moi la nuit. Mets du bois dans la cheminée et verse à boire, je rentre te retrouver.


Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Cette lecture s’inscrit dans la complétion du Défi Lecture Imaginaire 2024 dans la catégorie P6D5 : Un-e personnage qui participe à une fête.

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