En me lançant dans Quality Land, je savais à quoi m’attendre et en ce regard je n’ai pas été déçue. Oui, le roman n’est pas révolutionnaire, mais c’est une bonne tranche de rire et de détente. Je n’en demandais pas plus.

4ème de couverture

Bienvenue à Quality Land, le pays de tous les superlatifs !
Tu vibres déjà ? Il y a de quoi ! Dans le futur, tout fonctionne à merveille : les algorithmes se chargent d’optimiser le travail, les loisirs et les relations. Quality Partner sait qui te correspond le mieux. Ton véhicule autonome sait où tu veux aller. Et si tu es inscrit sur The Shop, on t’envoie tous les articles que tu désires sans que tu aies besoin de les commander. Super pratique ! Plus personne n’est obligé de prendre des décisions difficiles – car à Quality Land, il n’y a qu’une seule réponse à toutes les questions : OK !
Pourtant, Peter Chômeur est taraudé par l’impression que quelque chose cloche dans sa vie. Si le système est vraiment si parfait, pourquoi trouve-t-on des drones ayant le mal de l’air ou des robots de combat souffrant de stress post- traumatique ? Pourquoi les machines sont-elles de plus en plus humaines et les humains, de plus en plus mécaniques ?

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Quality Land est un roman de l’auteur germanique Marc-Uwe Kling, peu connu hors des frontières de son pays, seuls trois de ses titres ayant été traduits en français. Dans ce roman, l’auteur mets en avant une nation, LA nation, de tous les superlatifs. La brillantissimme, meilleurissime Quality Land.

Quality Land, c’est un pays similaire aux pays occidentaux hyper-connectés et techonophiles.  La techonologie, ici des IA ou des robots règnent en maître, dirigés par des corporations qui n’ont pour seul but que de rendre ses habitants heureux et libres de toute réflexion (et le porte-monnaie des dits dirigeants bien rempli). Chaque désir, même furtif et inconscient est exaucé. Cependant, le personnage principal « Peter Chômeur » ne se sent pas à l’aise avec le fonctionnement sociétal duquel il dépend. Suite à la réception d’un produit qu’il ne souhaite définitivement pas avoir (malgré les algorithmes qui lui répètent que oui, oui, il le désirait bien), il se met en quête de tout faire pour retourner le produit, avec certes, difficultés.

De la force du grotesque

L’une des forces de ce roman, bien que son scénario soit classique, c’est la dose de situation absurdes qu’il contient. Et l’absurde se retrouve dans chaque détail de l’histoire, même dans le nom des chapitres « Chladymose oculo-génitale ascendante ». C’est avec renfort de situations ubuesques et d’exagérations non retenues que l’auteur offre du charme à son récit.

Nous ne vous proposons qu’une seule personne mais, depuis le début, Quality Partner offre à ses clients un droit de retour de quinze jours pour le cas où on n’est pas satisfait de son nouveau conjoint. Le premier partenaire de remplacement est gratuit.

Un autre aspect que j’ai beaucoup aimé est la multitude de références pop que contient le roman, et qui permettent au lectorat de trouver des points d’ancrage dans le récit, afin de viber au côté du délire de l’auteur. Je pense notamment à la ligne qui dit « Un employé de Quality Partner a entendu sur la station de radio personnelle une vieille chanson rock dans laquelle le chanteur incitait un ami à le classer. « Rate me, my friend! » »

Mise en garde

Cependant, les extrapolations que l’auteur met en lumière ne sont pas si indélicates et loin de la réalité. Par ses mots, son univers et ses personnages, l’auteur met en lumière les risques (bien connus) des réseaux sociaux, des systèmes de classement sociaux et de la mainmise des GAFAM sur nos données. Les risques de la création de bulles idéologiques, la polarisation que cela engendre. Je vous conseille d’ailleurs le documentaire Netflix « Derrière nos écrans de fumée » si la thématique vous intéresse. L’auteur démonte les constructions sociales et politiques, parfois de façon presque blasphématoire.

En comparaison à Le Cercle  (Dave Eggers), qui aborde les mêmes thématiques et présente les mêmes risques, j’ai trouvé la construction du roman de Marc-Uwe Kling beaucoup plus délicate et moins paternaliste que celui de Dave Eggers, tout en étant plus court et digeste. L’auteur entend démonter les constructions sociales et politiques, parfois de façon presque blasphématoire.

Il y a une question que tu devrais te poser, dit le vieux. Vivons-nous dans une dictature aux méthodes si subtiles que personne ne remarque que nous vivons dans une dictature ? Il en découle la question suivante : est-ce une dictature si personne ne remarque que c’en est une ?

En résumé : Marc-Uwe Kling propose une excellente satire sociale, légère, drôle et décadente. Les sujets sont connus, mais ils sont bien abordés. A lire si une tranche de rire vous tente.

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Et vous, qu’en avez-vous pensé ? Êtes-vous tenté ?