Avec Le Regard, Ken Liu, dont c’est le deuxième texte que je lis après L’homme qui mit fin à l’Histoire, propose au thriller aux accents Cyberpunk qui se lit avec régal.

4ème de couverture

Demain…
Dans son registre, celui de l’investigation, Ruth Law est la meilleure. D’abord parce qu’elle est une femme, et que dans ce genre de boulot, on se méfie peu des femmes. Parce qu’elle ne lâche rien, non plus, ne laisse aucune place au hasard. Enfin, parce qu’elle est augmentée. De manière extrême et totalement illégale. Et tant pis pour sa santé, dont elle se moque dans les grandes largeurs — condamnée qu’elle est à se faire manipuler par son Régulateur, ce truc en elle qui gère l’ensemble de ses émotions, filtre ce qu’elle éprouve, lui assure des idées claires en toute circonstance. Et surtout lui évite de trop penser. À son ancienne vie… Celle d’avant le drame…
Et quand la mère d’une jeune femme massacrée, énuclée, la contacte afin de relancer une enquête au point mort, Ruth sent confusément que c’est peut-être là l’occasion de tout remettre à plat. Repartir à zéro. Mais il faudra pour cela payer le prix.
Le prix de la vérité libérée de tout filtre, tout artifice. Tout regard…

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Avec sa deuxième publication dans la collection UHL, l’auteur nous propose un texte un peu plus doux que le premier, bien que la violence soit de mise car le personnage principal, Ruth Law, enquête sur le meurtre d’une prostituée. Ici, point d’uchronie mais un thriller bien mené qui nous met sur la piste de résolution d’une enquête policière alors close. Ruth Law, ex-flic, travaille en marge de son ancien emploi en tant qu’investigatrice privée.

Une jeune femme est morte, énuclée, classée comme victime collatérale d’une rivalité entre deux gangs chinois de Boston. Cependant, les informations collectées ne font pas sens, et Ruth Law va faire preuve d’ingéniosité et de réflexion afin de mettre les pièces du puzzle en place. Pour se faire, elle est accompagnée de ses implants ; physiques d’une part, qui lui confèrent une force inouïe et inattendue, et d’autre part, de son Régulateur, permettant de réguler (évidemment), ses composants biochimiques internes et d’effacer toutes les émotions qu’elle pourrait ressentir et qui pourraient venir parasiter le travail qui lui a été confié.

L’autre personnage dont on suit les cheminements de pensée est le Surveillant. Ce dernier est l’auteur du crime sur lequel Ruth enquête, et à travers ses réflexions, il explique au lectorat les raisons qui l’ont poussé à agir de la sorte. Bien qu’ils aient des buts fondamentalement différents, j’ai beaucoup aimé les parallèles que l’ont pouvait tirer entre les psychés de ces deux personnages, qui se ressemblent finalement pas mal. C’est la vengeance qui les anime tout deux. Ken Liu fait d’ailleurs un excellent travail de construction des protagonistes en si peu de pages. Ils ont vraiment des psychologies bien foutues.

Un autre aspect que l’auteur met en lumière, c’est la puissance (et donc la dangerosité en découlant), de l’information. Si c’est une chose que j’ai apprise lors de mes études et qui est donc évident à mes yeux, il est facile de l’oublier. Par ce texte, Ken Liu rappelle et met en garde.

L’information ne veut pas être libre. Elle a de la valeur. Elle veut gagner de l’argent. Et son existence ne libère personne ; la posséder, par contre, peut entraîner l’effet opposé.

En résumé : Ken Liu nous propose un thriller et une enquête plutôt classique, mais très bien exécutée. Certaines personnes jugeront la fin abrupte, mais je l’ai trouvée très juste et adaptée au récit. C’est aussi un texte que j’ai trouvé finalement très humain en soi.

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Et vous, qu’en avez-vous pensé ?